Une journée entre l'allée de torii de Ukiha et une étrange gare Kappa

Lors d'un énième détour dans les méandres de l'internet à la recherche de bonnes adresses pour notre voyage au Japon, j'étais tombée par hasard sur une série de lieux à visiter dans la périphérie de Fukuoka. Entre ces endroits très ou moins prisés se trouvait la petite ville de Ukiha, connue pour ses magasins de poteries et son impressionnante allée de torii à flanc de colline.

Une fois à Fukuoka, nous n'avons pas hésité une seconde à prendre les divers trains locaux qui permettaient de rejoindre cette ville sur laquelle on ne trouve que très peu d'informations sur le net.

Après un assez long trajet entre les champs et autres quartiers résidentiels, nous sommes arrivés à Ukiha, où seules les hirondelles installées dans les parapluies inversés dans le hall de la gare faisaient un peu d'animation. Consultant l'énorme panneaux peint installé devant la dite gare qui reprenait les points d'intérêts de la région, nous avons commencé à traverser la ville pour atteindre le fameux sanctuaire Ukiha Inari, qui était notre première destination de la journée.

  

En général, j'aime me prendre pour une sportive de haut niveau qui ne ressent pas la faim, la soif, la fatigue, la douleur, ni même l'hémorragie interne. Ce jour là, force est de constater que ma dignité était rangée au placard alors que nous tentions de gravir la longue volée d'escalier du sanctuaire.

Pour être tout à fait honnête, "l'ascension" est juste aussi éprouvante que les 3 étages d'escaliers du boulot quand l'ascenseur est en panne. Le soucis est que ce jour là, pour une raison que j'ignore, le soleil avait décidé de se faire une petite grillade party, nous graciant d'une chaleur humide insupportable. Dès lors, ce qui aurait du être une paisible balade champêtre s'est révélée aussi agréable qu'un châtiment du feu.

Heureusement, le jeu en valait la chandelle (#expressiondevieux) car l'allée de torii du sanctuaire était absolument magnifique. De par sa situation, le Ukiha Inari offre une vue panoramique sur Ukiha et ses environs, tout en étant -semble-t-il- assez peu touristique. Lors de notre passage, nous avons croisés quelques couples et autres parents avec leurs enfants, mais rien de dramatique comparé à la marée humaine que nous avions essuyé au Fushimi Inari de Kyoto. 

Même si la visite du sanctuaire fût assez rapide, cette partie de notre itinéraire nous pris une bonne partie de la journée. Que ce soit à cause du détour à travers champs à la recherche d'une magnifique allée de cerisiers en fleur, la perte de mon bonnet qui nous obligea à faire demi tour sur deux kilomètres, ou le dîner sur le pouce pris dans la supérette locale, nous étions assez étonnés de voir qu'il était déjà 14h30 quand nous avons repris le train pour rentrer à Fukuoka.

J'étais déjà occupée à prévoir la suite de notre journée quand une gare plus qu'étrange bouleversa nos plans, nous attirant assez que pour nous faire sortir du train sans avoir aucune idée de ce que nous allions trouver dans cette ville nommée Tanushimaru.

D'abord pensant qu'il s'agissait là d'une gare en forme de canard (quelle idée, franchement?) nous nous sommes vite rendus compte qu'elle représentait en réalité l'une des créatures japonaise les plus loufoques: Un kappa. 

Etant une grande adepte de jeux vidéos, les Kappa sont à mes yeux les ennemis chiants qui ont une résistance de dingue et qui sortent toujours d'endroits louches et improbables. Dans la vrai vie (ou en tout cas dans le folklore japonais) le Kappa n'est autre qu'un monstre des eaux, croisement entre un humain, un canard et une grenouille, réputé pour entraîner les humains et les animaux dans les profondeurs des rivières.

D'un autre coté, si les Kappa étaient réellement aussi mignons que cette gare, ils n'auraient même pas besoin de ruser pour m'attirer dans la flotte. J'y plongerais volontiers à bras ouverts, suppliant qu'ils me piquent avec leurs petits becs kawaii  <3.

Le plus de cette gare, c'est qu'on y trouve la "Kapateria" (sérieux, les japonais ont des idées plus cute qu'une armée de poussins duveteux messagers du paradis), spécialisée dans... la nourriture en forme de Kappa! A cette heure de la journée, c'était de la pure gourmandise, mais je n'aurais jamais pu quitter la ville sans goûter à leurs macarons, juste pour le coté improbable de la chose.

Nous avons fait un rapide tour dans la ville, mais j'avoue que sans vraiment savoir où aller, ou que faire, nous avons assez vite fait demi tour pour reprendre le train vers Fukuoka, quittant ce qui restera dans mon cœur la plus magique de toutes les gares japonaises.